On vous avait laissé sur la tristesse de la disqualification de la demi-finale mondiale et la joie d'une victoire à Zurich. Qu'avez-vous fait depuis ?
M.B. : Rien! Je n'ai rien fait pendant mes vacances. Je pars tellement toute l'année alors pendant mes congés je ne suis pas parti. Je me suis simplement occupé de ma famille, de ma fille de 4 ans Amelle. Surtout, je me suis reposé.
Avec le recul comment analysez-vous votre échec au Japon ?
M.B. : Franchement, il n'y a pas d'analyse à faire. Pas d'enseignements à tirer. Potentiellement, j'avais ma place en finale. Mais j'ai fait une erreur. J'ai essayé de me glisser dans un trou de souris. Ca n'a pas marché (ndlr: il a écarté deux adversaires pour se frayer un chemin dans la dernière ligne droite). Elle m'a coté ma place en finale. On aurait pu juger qu'une faute avait été commise contre moi mais cela n'a pas été le cas.
N'avez-vous pas l'impression que cette erreur a comme origine une fragilité psychologique lors des grands rendez-vous ?
M.B. : Non! Pas du tout! L'expérience, je l'ai. Cela fait neuf ans que je suis sur le circuit. Et puis à 20 ans, j'ai fini à la quatrième place des jeux de Sydney. J'étais en forme, je me savais fort et je ne me suis pas économisé. C'était une course tactique, une course un peu merdique. C'était juste une erreur tactique.
Avec cet échec quel bilan tirez-vous de votre saison ?
M.B. : Il est très bon. Je finis troisième mondial, j'ai gagné des meetings et ça c'est super bien! Je gagne les Championnats d'Europe, ce qui m'a fait du bien parce que c'était la fin de la disette.
A l'orée d'une saison importante avec les jeux de Pékin, votre départ d'Alsace pour venir à Lille signifie-t-il que vous voulez repartir de zéro ?
M.B. : Ça ne va pas changer grand chose pour moi. Je suis parti neuf mois dans l'année. Non, en venant à Lille j'ai pensé à mon avenir. Lille m'offre un emploi dans un domaine que j'aime, le sport et l'insertion des quartiers. En plus, je me rapproche de ma fille qui est scolarisée dans le nord. A Strasbourg, on ne me proposait rien.
Quels sont vos objectifs pour cette saison ?
M.B. : Le podium aux jeux de Pékin! C'est mon unique objectif.
Et puis... (il coupe)
M.B. : Rien d'autres! A part les Mondiaux, j'ai gagné les plus grands titres du monde. En termes d'ambitions, il ne me reste que le podium olympique. Depuis ma quatrième place à Sydney, je rêve de cette médaille olympique. A Sydney, j'étais jeune et je ne pensais pas que je pouvais le faire. Maintenant je m'en sens capable.
Et sur le plan du chrono... (il coupe)
M.B. : Le record du monde n'est pas dans mes objectifs. Si je me sens capable, je ferai une tentative. Mais cela n'a pas d'importance".
Il vous faudra réussir les minima pour les JO ?
M.B. : Je n'ai pas de pression sur ça. Je ne connais pas encore le temps à réaliser. Mais ce sont les JO. Dans une bonne course, je le ferai.
Comment allez-vous vous préparer ?
M.B. : Je recommence à m'entraîner le 1er novembre. Avec mon entraîneur (Jean-Michel Dirringer), on ne va rien changer. Je garde le même schéma que pour les Mondiaux. Je vais m'entraîner à Strasbourg, suivre des stages à l'étranger. Cette préparation m'avait réussi puisque j'étais arrivé en forme.
Le dopage est de plus en plus présent partout en athlétisme et donc dans le demi-fond avec par exemple l'affaire Bob Tahri.
M.B. : (agacé) Il n'y a pas d'affaire Tahri. Il est accusé par quelqu'un qui n'a aucune crédibilité qui accuse une personne qui a toujours été irréprochable. Celui qui accuse a lui été pris pour non présentation à un contrôle. C'est mon compagnon d'entraînement. Il a beaucoup souffert de ces accusations C'est comme si on accusait une personne d'être un tueur en série comme ça.
Que peut-on faire pour lutter contre le dopage ?
M.B. : Il y a une politique contre les tricheurs. C'est bien. On peut faire beaucoup de choses. Je pense moi qu'il faut taper dans le porte-monnaie. Et puis deux ans, ce n'est pas assez fort. Il faudrait quatre ans de suspension et une amende. Le problème: un athlète qui est pris nie souvent. Et dans ce cas, on ne sait pas s'il dit vrai. Toutefois, quand il y a des traces de dopage dans le sang et les urines, là, je le répète, il faut suspendre 4 ans et infliger une amende qui pourrait représenter les primes des deux années qui précèdent.