6 Nations - 12/11/2007 - 19:26

Le débat n'est pas nouveau mais il rebondit sans cesse. Le rugby européen souffre-t-il de l'arrivée massive des joueurs de l'hémisphère sud ? Avec des salaires nettement supérieur - de 30 à 100 % ! - dans les championnats anglais et français, les "sudistes" n'hésitent pas à traverser l'équateur pour venir évoluer dans le Nord. Smit, Matfield, Gregan, Kelleher, ... les stars affluent.

Il y a quelques jours, Bernard Lapasset, le nouveau patron de l'IRB, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, a menacé d'intervenir. "C'est un problème. Les joueurs français d'une vingtaine d'années ne jouent pas dans les équipes premières pour les compétitions professionnelles et c'est une question pour la France" a-t-il expliqué pour justifier sa volonté de limiter les arrivées : "c'est un problème très difficile pour nous et nous devons mettre en place des régulations pour contrôler le mouvement des joueurs" .

Plus de 150 joueurs étrangers évoluent chaque week-end dans le Top14 et le nombre total de professionnels serait de 330 comme le révélait Midi Olympique en juillet. Entre les arrêts Bosman, Malaja ou Cotonou, la limitation de joueurs étrangers paraît bien improbable. Au contraire, la proportion semble croître et du coup, bon nombre d'espoirs du rugby français font banquette tous les week-end ou se contentent d'une place dans l'effectif des Espoirs. Même Montpellier, qui a lancé des jeunes prometteurs (François Trinh-Duc, Fulgence Ouedraogo, Louis Picamoles, Julien Tomas), compte aujourd'hui 16 étrangers dont une moitié de Sud-Africains.

Le dernier a avoir réagi est Mark McCafferty, le patron du Premier Rugby, association qui regroupe les clubs anglais de l'élite. Il a pris le contre-pied de la tendance actuelle en défendant les clubs contre les accusations d'imports massifs de joueurs étrangers : "les chiffres ne changent pas, l'Angleterre a toujours un énorme vivier de talents", précisant dans la foulée "la norme progresse mais le nombre est le même et nous voulons rester sur cette voie". Selon lui, l'arrivée de joueurs étrangers permet le renforcement du championnat anglais et consolide l'équipe nationale... une voix dissonante qui montre que la question reviendra sûrement dans les semaines à venir sur le devant de la scène.

A l'image de son stade Aimé-Giral, l'Usap est toujours en travaux. Aussi bien en championnat où elle a concédé deux défaites à l'extérieur (Montpellier, Albi) que sur la scène continentale, où malgré la victoire devant Newport vendredi dernier (23-19), on attendait du mieux au niveau du jeu. Jacques Brunel en convient lui-même sur le site du club. "J"ai un sentiment mitigé. D"un côté, il y a bien sûr cette première victoire qui va conforter l"équipe dans son travail et qui est importante pour la confiance. Mais on s'est parfois mis tout seul en difficulté, ils nous ont contré et on est devenus fébriles".

Les raisons de ce début de saison difficile sont aussi à chercher ailleurs que dans la fébrilité ou dans le "Welsh spirit" d'une formation de Newport déjà bien rodée. Perpignan a vécu une intersaison mouvementée avec l'arrivée d'une dizaine de joueurs, tout autant de départs et un changement d'entraîneur. "Nous avons conscience de ne pas être très performants , reconnait le capitaine écossais Nathan Hines. On a un nouvel entraîneur, des nouveaux joueurs, un nouveau jeu à mettre en place, quelques blessés et ce n'est pas évident dans ces conditions".

Brunel: "Il ne faut pas rêver"

Même son de cloche du côté de Nicolas Mas, qui comme tous les internationaux, doit aussi digérer la Coupe du monde et le retour au club. "Nous sommes encore rodage. Il faut continuer à travailler pour combler notre manque de cohésion qui est logique en ce début de saison". "Il ne faut pas rêver, ajoute Brunel. On a changé tout l'axe de l'équipe, on a perdu des leaders et il faut donc du temps pour trouver les bons repères collectifs. A nous de travailler d'arrache pied pour avancer un peu plus à chaque match sur tous les secteurs".

Le problème perpignanais ne serait donc que provisoire, le temps que toutes les recrues s'intègrent ou arrivent, comme le Sud-Africain Percy Montgomery, et que l'ensemble forme enfin une équipe sous la coupe de Jacques Brunel. Au fil des matches, on va trouver cette cohésion qui nous manque, ajoute Hines. Il faut avoir confiance pour la suite et continuer à bien bosser". Et évidemment, "ce sera plus facile à faire dans la victoire , confirme Mas. Celle contre Newport va faire vraiment du bien pour se préparer comme il faut pour gagner à Trevise". Le week-end prochain, c'est effectivement en Italie que les Catalans devront continuer de créer des affinités.